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permission de Jean 5.°, un ballon aérostatique d'une dimension prodigieuse, qu'il fit lancer dans la place contigue au palais-royal, en présence de leurs majestés et d'une foule immense de spectatcurs. Gusmao lui même était monté avec le ballon; et au moyen d'un feu allumé dans la machine, qui était néanmoins retenue par des cordes, il s'éleva en l'air jusque á la hauteur de la corniche du faîte du palais; malheureusement la négligence de ceux qui tenaient ces cordes fit prendre á la machine une direction oblique; elle toucha la cornicha, ou elle se rompit, et tomba, assez doucement cependant, puis que de cette chute il ne résulta aucun mal pour Gusmao. Le Journal des sçavants (oct. 1784) qui place cette expérience á l'an 1720, et dit que la machine avait la forme d'um oiseau avec sa queue et ses ailes, ajoute des sçavants français et anglais, étant allés à Lisbonne pour vérifier le fait, prirent des informations dans le couvent des Carmes, oú le P. Gusmao avait un frére, qui conservait encore quelques uns des ses manuscrits sur la maniere de construire les machines volantes. Plusieurs personnes assurérent qu'elles avaient assisté á la expérience du jésuite, et qu'il reçut le surnom de Voador.

Mais l'inquisition, qui n'aimait pas les nouvelles découvertes en murmurait hautement. Le physicien promit de nouvelles expériences, et fit espérer même qu'il s'éleverait sans le secours des cordes. L'inquisition alors le traita d'imposteur. Le P. Gusmao indigné s'avança jusqua'á dire qu'il s'engageait de faire voler son illustrissime avec toute le inquisition. Le grand inquisiteur trouvant cette raillerie un peu déplacée, commença à faire agir ses familiers. Le peuple s'ameut, en criant au sorcier ! au magicien ! il ne demandai pas moins qu'un autode fé pour Gusmao. Ce dernier, traduit enfin devant le saint-office, fut jetté dans un cachot et condamné á un jêune rigoureux. Les jésuites vinrent cependant à bout de délivrer leur confrere, et de le faire passer en Espagne, ou il mourut de chagrin, peu de temps aprés,