II
Non, je ne paye pas, car il est incomplet
Cet ouvrage. On y voit, certes, la belle touche
Que ton léger pinceau met à tout ce qu'il touche;
Et, pour un beau sonnet, c'est un fort beau sonnet.
Ce sont-là mes cheveux, c'est bient-là le reflet
De mes yeux noirs. Je ris devant ma propre bouche.
Je reconnais cet air tendre ainsi que farouche
Qui fait toute ma force et tout mon doux secret.
Mais, cher peintre du ciel, il manque à ton ouvrage
De ne pas être dix, tous également doux,
Vibrant d'âme, et parfaits d'art profond, riche et sage.
Adieu, donc, le contrat! Je le tiens pour dissous,
Car, pour de beaux portraits, pleins de charme et de vie,
Pour un baiser, je veux toute une galerie.