mère, femme chrétienne, inspira de bonne heure aujeune François des sentiments religieux.

L’abbé Eysséric, vénérable prètre de cette ville, avait fait voeu de consacrer sa vie a instruire et a soulager les pauvres; il était regardé corame un puits de Science. La maison du digne abbé était une école gratuite; François était son meilleur élève. Modeste et cédant a 1’influence de sa famille, il voulut entrer dans 1’état ecclésiastique. Le grand Séminaire d’Avignon lui ouvrit ses portes. A 17 ans, avant d’avoir terminé ses études théologiques, on lui donna la chaise de philosophie; il a été le professeur. de plusieurs évèques et archevèques.

En 1812, a peine àgé de 18 ans, quoiqu’il ne füt pas dans les ordres sacrés, on lui permit de prècher dans la métropole le 2 décembre, anniversaire de la bataille d’Austerlitz. Son discours, tout brúlant de patriotisme, fit tant d’impression sur 1’auditoire, qu*on 1’envoyât a Napoléon I qui le renvoya au préfet de Vaucluse avec cette annotation: — «qu’on s’occupe de ce jeune honnne, il ira loin.» — Devenu professeur de théologie, il crut découvrir que les théologiens modernes étaient en désaccord avec les anciens. Sommé de se rétracter, il quitta le séminaire, partit pour Paris, et devint un ennemi acharné du catholicisme. Flatté et adulé partout, 1’orgueil le perdit, comme il en a perdutant d’autres.

De 1815 a 1824 nous voyons notre héros en lutte avec le besoin. II donne des leçons privées, entre en qualité de professeur dans plusieurs maisons d’éducation *, enfin la politique acheva sa perte, nous le voyons prendre part aux émeutes, aux complots des révolutionnaires contre 1’Empire et plusieurs fois enfermé a Sainte Pélagie. Les premières notions qu’il avait recues de 1’abbé Eysséric jalonnèrent sa marche vers les découvertes réellement prodigieuses dans la chimie, la botanique et dans les Sciences naturelles. II a laissé de nombreux et savants ouvrages; il s’est rendu surtout célebre par son apologie du camphre, qui est a ses yeux la panacée universelle. A ce propos, nous citerons le calembour de Louis Blanc, qui le voyant arriver a l’Hotel-de-Ville, au pouvoir des insurgés, s’écria: — Voici mr. Raspail, qu’en ferons nous? — Camphrons-nous. François Vineent Raspail était marié; il a laissé plusieurs enfants qui partagent Topinion de leur père.»